Quelques bords à tirer juste après la ligne, mais les bateaux devaient trouver assez rapidement de quoi faire du reaching à bonne allure, puis du portant.
Alors que les dix-huit concurrents de la flotte méditerranéenne de la Transquadra ont quelque peine à trouver leur chemin jusqu’à Gibraltar, pour les soixante-douze concurrents qui sont partis de Saint-Nazaire aujourd’hui en fin d’après-midi, la descente pourrait être plutôt rapide, au moins jusqu’à la péninsule ibérique. Même si, sur la ligne de départ, le tableau était un peu terne – un vent faible et un ciel gris. Heureusement il y avait quelques bords à tirer pour s’extraire de l’estuaire, ce qui a permis aux concurrents de venir faire quelques croisements juste sous les jetées de l’avant-port, pour le plus grand plaisir d’une foule en liesse qui s’y était massée en grappes.
Les bateaux font désormais route directe vers le sud-ouest, et rien ne devrait plus les retenir. Seule la fin du parcours pourrait être marquée par des vents faibles persistants, mais c’est encore loin, et les prévisions météo deviennent plus aléatoires à cette échéance. En attendant, les conditions annoncées dans le golfe de Gascogne paraissent idéales pour un début d’étape serein, avant un passage du cap Finisterre qui sera sans doute plus acrobatique. Voici comment le solitaire Jean-François Hamon, skipper du Sun Fast 3200 Pour Aster, envisageait dimanche matin le déroulé de ce parcours entre l’embouchure de la Loire et l’île de Madère :
« Pour le départ, ça va être légèrement ouvert, donc on va être à mon avis sous génois débridé ; ensuite jusqu’au cap [Finisterre] ça va faire que d’adonner, ça va être reaching, je pense, code zéro/A3 [le A3 désigne un génois] ; ensuite on va spier, et puis ça va monter au fur et à mesure qu’on arrive sur le cap. Faudra prendre des fichiers mardi je pense, fin de matinée, on devrait toucher du vent quand même un peu plus fort. Donc là l’option : soit passer entre la côte et le DST [dispositif de séparation du trafic], soit au large du DST. Je pense que si vraiment c’est assez musclé au passage du cap, si tu décides de passer à la côte, entre la côte et le DST [en route directe c’est plus court], faut empanner pour se positionner bien vent arrière dans le DST. Là ce sera donc plein vent arrière… Pour les plus solides ce sera spi lourd et un ris dans la GV, et puis pour les autres, génois tangonné et un ris dans la GV. Puis à l’arrière du DST on va encore toucher de l’air et là on a à mon avis 30-36 heures où ça va être un peu chaud. On n’est pas tous d’accord sur cette durée. Moi je préfère être pessimiste, et puis à la sortie… A mon avis faut s’écarter un peu de la côte, et puis ça va être route directe sur Madère ; mais bon là c’est encore un peu trop tôt, faudra prendre des fichiers en cours de route. L’arrivée à mon avis ça va être assez compliqué, ça risque… bon… y a deux approches possibles donc on va gérer tout ça. »
Jean-François Hamon quelques heures avant le départ. Heureux mais… concentré. Deuxième en 2012, il n’a pas envie de faire le même classement cette fois-ci…
On n’en saura pas plus. Mais nul doute que « gérer tout ça » signifie tout simplement : arriver devant. Au premier pointage à la pointe de Chémoulin, Jean-François était deuxième derrière le JPK 10.10 de Laurent Stoclet. Au classement de 23h00, il était toujours dans le groupe de tête avec Laurent Stoclet et les Sun Fast 3200 de Pierrick Penven et Renaud Barathon.
… mais il devra compter avec quelques adversaires coriaces, dont Pierrick Penven, lui aussi engagé sur un Sun Fast 3200.
Chez les doubles, on n’était pas tellement surpris (toujours au classement de 23h00) de trouver en tête les deux Sun Fast 3600 et les deux JPK 10.80, le Sun Fast Yolo (Jean-François de Prémorel et Philippe Laperche) et le JPK 3D Développeurs immobiliers (Jean-Pierre Kelbert et Hervé Perroud) ayant pris un léger avantage sur les deux autres. Pas tellement surpris non plus de voir que l’Elan 350 Marylou les suivait de très près – attention à ces deux Daniel (Péponnet et Godart), ils naviguent avec 11 millièmes de moins que 3D Développeurs et 22 millièmes de moins que Yolo…
Du côté de la mer d’Alboran, ce vaste golfe où la Méditerranée se resserre, à l’est de Gibraltar, on observe avec intérêt la trajectoire d’Eric Bompard sur Boulinou. Vétéran de la Transquadra précédente, ce skipper solitaire semble tirer jusqu’ici le meilleur parti de son Maxi 10.50, lequel est sans doute à l’aise dans les petits airs… tout en affichant un rating assez modeste de 0,986. Au dernier pointage (celui de ce dimanche 27 à 23h00), Eric était deuxième (en temps réel s’entend) de la flotte des solitaires, à seulement 0,6 milles derrière l’A35 de Frédéric Ponsenard (TCC : 1,025), lequel venait juste de reprendre l’avantage… Les deux bateaux avaient rasé la côte espagnole tandis que les deux premiers doubles, à savoir l’A31 Solenn (Ludovic Gérard et Laurent Morisseau) suivi à 0,2 milles du Sprint 108 Jason (les Vidal père et fils, Jean-Marie et Romain), s’en rapprochaient après avoir navigué plus au large. A suivre…
Source: http://www.voilemagazine.com/2014/07/les-quadras-en-route-presque-directe-madere/#more-14244