Joli coup pour Jérémie Beyou qui remporte aujourd’hui la première épreuve de sa saison en Figaro : la Solo Maître CoQ, et à bord de Maître CoQ ! Au-delà d’une victoire qui doit combler son partenaire, Jérémie affiche un appétit gros comme ça pour la saison nouvelle, et pas seulement en Figaro. Interview.
Félicitations, tu partais vraiment pour la gagne ou tu voulais d’abord voir où tu en étais ?
J’imaginais avoir le niveau pour la gagner maintenant ce n’était pas l’objectif. L’objectif était de me confronter en vitesse et dans les réglages. Cela signifie que ma stratégie c’était de naviguer au contact, de rester au plus près des meilleurs. Tu peux gagner la course en tirant des bords extrêmes, en jouant les options à fond mais tu ne vois rien. J’ai préféré jouer du gagne-petit, de la navigation au contact, essayer d’aller vite tout le temps, de bien négocier les systèmes météo, c’était hyper intéressant car j’étais dans le coup tout le temps.
Cette première course et cette première victoire doit te rassurer pour la suite de la saison mais quels enseignements en tires-tu ?
Ce que je vois c’est que j’ai toujours le rythme, que j’arrive toujours à me repositionner, à jouer les petits décalages. J’arrive toujours à ressortir dans le bon paquet même si parfois je n’ai pas la vitesse. Je me compare à Yann [Eliès] qui va un petit peu mieux sous spi que moi : ce n’est pas grave, on travaille sur les voiles, on essaie des spis, c’est pour ça que ces premières courses sont intéressantes. Au niveau résistance aussi, c’est une course où il ne faut rien lâcher…
Tu n’as pas réussi à dormir ?
Je n’ai pas du tout dormi, rien du tout, zéro ! Je peux te dire que sur le dernier bord de largue serré, je comptais tous les milles. C’était vraiment dur mais c’est bien de se faire mal.
Le principal animateur c’est Yann Eliès, aussi un coureur du Vendée : on change de dimension quand on prépare un tour du monde ?
En tout cas je pense que quand tu atteins un certain niveau en Figaro tu as certains acquis que tu ne perds pas : la résistance, le rythme, la conduite sur les longs bords, aller vite longtemps… Mais aller vite à l’instant T, ça tu le perds si tu ne t’y mets pas régulièrement. Je suis persuadé que pour moi, Yann [Eliès] ou Armel [Le Cléac’h], de faire du gros bateau ça apporte toujours pour le petit bateau. 0n dit souvent l’inverse qu’il faut faire du dériveur pour faire du gros mais c’est vrai dans les deux sens. Sur un gros bateau, tu as d’autres contraintes, tu va plus vite, stratégiquement il faut réfléchir plus vite et anticiper davantage les coups. Alors des transats ça sert vraiment pour un Figaro. Je suis sûr qu’Alain Gautier sera bon cet été, il a continué à naviguer sur des gros bateaux.
La Solitaire du Figaro ou la Route du Rhum : quelle est la course la plus importante dans ton agenda ?
Les deux mon commandant, parce que je considère qu’une seule régate dans l’année c’est maigre a moins que ce soit un tour du monde mais je considère que tu peux faire deux circuits comme Figaro et Imoca si tu es bien organisé au niveau technique ; si tu as de bons partenaires ça peut te libérer du temps pour naviguer. Pour rester au niveau, autant choisir le Figaro qui est très disputé, très compliqué et demande sur l’eau toute ta concentration.
Tu commences en tout cas ta saison en impressionnant tes adversaires…
Ce que je sais, c’est que ça me fait beaucoup de bien ! Est-ce que ça leur fait du mal, je ne sais pas mais c’est toujours un petit point de marqué.
Source: http://www.voilemagazine.com/2014/03/jeremie-beyou-cest-toujours-un-petit-point-de-marque/#more-12713